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16 août 2009 - 20e dimanche du temps
ordinaire - Année B
Le don de la chair et du sang
Les références des
textes de ce dimanche Le commentaire des lectures bibliques Alors que le discours précédent donnait comme
synonyme de « manger le pain » « croire en », « aller vers », ce second
discours, qui commence comme le premier par «Je suis le pain de vie », nous
parle de «manger la chair» et de « boire le sang ». Rappelons que le
découpage liturgique nous met à cheval sur les deux discours. Peu importe
car, en fin de compte, ils sont inséparables ; le premier discours, soulevant
la question de l identité de Jésus, répond à la question : « D où
vient-il ? ». Le second nous dit plutôt où il va. Si la révélation de son
origine profonde avait suscité l étonnement et même l indignation
de la majorité des gens, à plus forte raison, le dévoilement de ce qui
l attend va les révolter. En effet, il s agit là d une
sorte de prophétie pascale. Les hommes vont tenter de s emparer du
corps et du sang du Christ, corps et sang de Dieu, substance divine si
l on peut dire, mais cette tentative va être déjouée, car le Christ
donne ce que l on veut lui prendre. Qui accueillera ce don en sera
transformé. Cette chair et ce sang deviendront pour lui nourriture et
breuvage pour une vie au-delà de la mort. Nous sommes nourris par la Passion
du Christ parce qu elle réalise le don de la vie, le don qu il
nous fait de sa vie. Et cette vie est vie de Dieu, vie éternelle. Mais que
peuvent bien signifier, à ce propos, «manger» et boire », mots qui jalonnent notre évangile
? Sans explication, Jésus insiste, lourdement semble-t-il : si l on
reconnaît qu il vient de Dieu, on doit se fier à sa parole. Manger et boire Manger et boire occupent une place centrale dans
l Écriture. Dès le premier chapitre de la Genèse, Dieu prescrit aux
vivants qu il vient de créer ce qui doit leur servir de nourriture. Et
cela continue avec Caïn et Abel, Noé, et toute la législation alimentaire du
Lévitique et le rituel des sacrifices. C est que la nourriture
représente le rapport vital des hommes avec la nature, et le repas pris
ensemble symbolise le lien social et familial. Le lien avec Dieu également,
car c est Dieu qui donne et entretient la vie. C est pourquoi le
coeur du culte chrétien est un repas, mémoire du dernier repas du Christ et
du don de sa chair et de son sang, c est-à-dire de sa vie. N allons
pas croire pour autant que ce chapitre 6 de saint Jean nous parle de
l eucharistie telle que nous la pratiquons, ou même de la dernière
Cène. Jésus n annonce pas un rite, si important soit-il, même si
l eucharistie est notre manière de «faire mémoire» des événements, de
les actualiser. Jésus annonce ce qui va se passer effectivement,
historiquement, au cours de sa Passion et de sa Résurrection. Il
s agira vraiment du don de sa chair et de son sang, c est-à-dire
de son être tout entier. Un don : cela signifie qu il ne se contentera
pas de subir ce que les hommes lui feront endurer, mais qu il s y
soumettra en toute liberté. Nous avions déjà vu, dans la Bible, Dieu obéir
librement aux hommes, par exemple à propos de l instauration de la
Royauté (1 Samuel 8,4-8). Ce n est pas sans rapport avec notre
évangile, car il s agit dans les deux textes de la royauté de Dieu
refusée. Souvenons-nous de l inscription affichée sur la Croix. Choisir le don de la chair et du sang Cela ne nous dit pas encore ce que signifie manger
cette chair, boire ce sang. Bien entendu, il ne s agit pas de manger et
de boire matériellement le corps de Jésus. Certaines manières
d expliquer la communion eucharistique confondent trop facilement réel
et matériel. Les interlocuteurs de Jésus rejettent ses paroles parce
qu ils les ont prises au sens matériel. Manger la chair du Christ et
boire son sang, c est faire nôtre son humanité, sa manière d être
homme, ce qui nous conduit en fin de compte à partager sa divinité. Manger,
faire nôtres, le corps et le sang du Christ signifie adopter, reproduire en
nous l amour qui l amène à donner sa vie, l amour tel
qu il est en Dieu et qui constitue son être. Croire que vivre en
plénitude consiste, paradoxalement, à livrer sa vie pour faire vivre les autres.
Bien sûr, ce don qui nous fait rejoindre notre vérité d hommes ne passe
pas forcément par une effusion de sang, par un supplice comparable à celui de
la Croix : la vie peut se donner au jour le jour quand nous oublions ce qui
nous avantage et choisissons ce qui peut mieux faire vivre d autres
humains. La célébration de l eucharistie signifie que nous décidons
d entrer dans cette logique, de «manger de ce pain-là». Alors,
rassemblés par cet amour reçu de Dieu, nous devenons le Corps du Christ qui
est l Église, c est-à-dire l humanité réconciliée au-delà
des violences engendrées par notre volonté de dominer. Ensemble, nous sommes
la chair et le sang du Christ, aujourd hui livrés aux hommes. Évangile selon Jean Comme Jésus avait dit : « Moi, je suis le pain qui
est descendu du ciel », les Juifs récriminaient contre lui : Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre
vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire
vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les
prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Tout homme qui
écoute les enseignements du Père vient à moi. Certes, personne n'a jamais vu
le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils
sont morts ; mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne
mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si
quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai,
c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » "Copyright AELF - Paris - Tous
droits réservés" |
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