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août 2009 - 21ème dimanche du temps ordinaire 
Le
rejet
Les références des textes de ce dimanche
Josué 24,1-2. 15-18
Psaume 33
Éphésiens 5,21-32
Jean 6,60-69
Le commentaire des lectures bibliques
par Marcel Domergue, jésuite, rédacteur à Croire
aujourd'hui
Ne nous y trompons pas : le récit que nous lisons aujourdhui,
le fameux « partage de Capharnaüm », nest pas
un simple incident de parcours dans la vie de Jésus. Il sagit
en fait de lenjeu même de lÉvangile. Syméon
avait annoncé à Marie et à Joseph qui venaient
présenter Jésus au temple que cet enfant « serait
un signe en butte à la contradiction » (Luc 2,34). Sa
parole est ce glaive qui pénètre au plus profond de
nous-mêmes pour séparer le plein et le vide, ce qui vaut
pour toujours et ce qui ne vaut rien, ou pas grand-chose. «
Ainsi, conclut Syméon, seront révélées
les pensées intimes dun grand nombre » (voir aussi
Hébreux 4,12). La plupart dentre nous naiment pas
cela, que lon peut appeler « jugement » et qui leur
fait découvrir ce qui se cache en eux, souvent même sous
la surface de « bons sentiments » ou de bonnes raisons.
À Capharnaüm, Jésus, Parole vivante en notre chair,
nous révèle que notre vérité est de nous
livrer aux autres pour, comme lui, être leur nourriture. Un
réflexe de défense pousse les hommes à ignorer
le sens profond de ses paroles, à les refuser en les enfermant
dans leur sens matériel. Aux versets 62-63, Jésus reproche
à ses interlocuteurs davoir pris ses paroles au sens
« charnel », ce qui ne sert à rien, au lieu de
les reconnaître comme « esprit et vie », ce qui
est trop onéreux pour quils lacceptent. Ainsi,
à toutes les époques, les hommes ont préféré
hausser les épaules en entendant le message qui nous répète
que lon ne sauve que ce que lon donne, y compris notre
propre vie.
Croire jusquau bout
Bien entendu, on peut recourir à une ruse plus ou moins consciente.
Plutôt que de faire nôtres les attitudes du Christ tout
au long de sa vie, avec leur point culminant à la Croix, on
peut se contenter du rite eucharistique : on va à la messe,
on communie et tout est dit. Comprenons quil faut traverser
ce comportement « religieux » pour parvenir à la
foi dont il est lexpression. Lappartenance au Christ dépasse
le rite, et même la « piété », pour
nous faire accéder à ce quils signifient : notre
conformité avec ce que le Christ a été. Plus
quune imitation : une communion au sens premier du mot. Telle
est la seule manière dêtre fils, images de Dieu
dans et par le Fils. Il est unique, il ny en a quun et
cest pourquoi nous devons faire un avec tous les autres humains.
Une seule chair, un seul sang. Le chemin pour y parvenir nest
autre que la foi en Jésus le Christ. Cest pourquoi il
termine ainsi son apostrophe à ceux qui se révoltent
contre ses paroles sur le don de la chair et du sang : « Il
en est parmi vous qui ne croient pas ». Nous voici donc revenus
au premier discours (18e et 19e dimanches, Jean 6,35-47). Là,
il sagissait daller à lui, de croire en lui, pour
ne plus jamais avoir faim ni soif. Cette foi ne peut se contenter
de lui faire confiance pour obtenir de lui quelque bienfait, ni même
pour nous « sauver ». Elle nest pas non plus une
adhésion idéologique à une doctrine. Elle revient
à accepter de tout perdre pour faire un avec lui. Les deux
discours se rejoignent.
Le cas de Pierre
Si lon refuse dadmettre « où va le Christ
», cest-à-dire vers lachèvement du
don de sa chair et de son sang, cest que lon ne croit
pas vraiment quil vient de Dieu (versets 41-42). Croire cela
ne signifie pas une simple adhésion intellectuelle, qui risque
toujours de rester un assentiment de surface, mais une adhésion
de fond, de tout lêtre, et cette « adhésion
» (mot qui vient du verbe adhérer :
« coller à ») nous met à sa suite, avec
lui, sur le chemin quil prend. À vrai dire, nous ne pouvons
jamais être sûrs de tenir au Christ à ce point-là.
Cela ressemble à bien des « Je taime » de
lamour « humain » : des sentiments, certes, mais
jusquoù peut aller lengagement de tout lêtre
? La suite le dira. « Voulez-vous partir, vous aussi ? »,
demande Jésus aux Douze devant la désertion de la foule.
Lisons attentivement la réponse de Pierre et nous verrons quelle
ne porte que sur la question didentité du premier discours.
Pierre ne se prononce pas sur la question de manger et de boire le
corps et le sang du Christ. Au fond, il en est toujours à Matthieu
16,22 : « Non, cela ne tarrivera pas ». Il reste
donc à mi-chemin de la foi et de lamour. En fait, rester
à mi-chemin implique que la foi en lorigine de Jésus
reste elle-même superficielle, malgré tous les «
credo » que lon peut réciter. En Luc 22,32-33,
Jésus dit à Pierre quil a prié pour que
sa foi ne défaille pas, et celui-ci répond quil
le suivra même en prison, même à la mort. Or, à
lheure décisive, Pierre reniera Jésus. On sait
la suite, et notre foi consiste souvent à faire confiance au
Christ, même si nous navons pas la prétention de
dépasser la fragilité de Pierre.
Évangile selon Jean
Jésus avait dit dans la synagogue
de Capharnaüm : « Celui qui mange ma chair et boit mon
sang a la vie éternelle. »
Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s'écrièrent
: « Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut
pas continuer à l'écouter ! »
Jésus connaissait par lui-même ces récriminations
des disciples. Il leur dit : « Cela vous heurte ?
Et quand vous verrez le Fils de l'homme monter là où
il était auparavant ?...
C'est l'esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien. Les
paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus
savait en effet depuis le commencement qui étaient ceux qui
ne croyaient pas,
et celui qui le livrerait.
Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne
ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par
le Père. »
A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s'en allèrent
et cessèrent de marcher avec lui.
Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous
aussi ? »
Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, vers qui pourrions-nous
aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint,
le Saint de Dieu. »
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