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1er février 2010 : 4 ème dimanche du temps ordinaire, année C
De l’accueil au refus
Jésus vient de dire, à la synagogue de Nazareth, que la prophétie
d’Isaïe sur l’intervention fnale de Dieu en faveur des hommes est
maintenant accomplie. La première réaction des auditeurs est l’admiration pour Jésus et son message. Mais très vite, ils passent à l’étonnement : qui est-il pour dire des choses pareilles ? « N’est-ce pas là le fils
de Joseph ? » Ils le renvoient à son hérédité naturelle ; ils n’ont pas compris qu’ils ont désormais devant eux un nouveau Jésus, Fils bien-aimé
du Père. Jésus, sans faire état de sa filiation divine, se contente de leur
dire qu’ils reproduisent à son égard l’attitude de leurs pères vis-à-vis
de tous les prophètes du passé. Comprenons que cette réaction en face
de Jésus peut être généralisée : nous vivons en contact avec des gens
bien connus. Parents, amis, collègues, nous en avons fait le tour, nous
les connaissons bien ! Détrompons-nous : eux aussi, d’une façon différente, sont habités par la présence divine, comme d’ailleurs les inconnus que nous croisons dans la rue, quelle que soit leur apparence. Du
simple fait que nous les voyons, nous sommes en présence du Christ
En sa condition de gloire ou en sa condition de crucifé. Sans doute
les deux à la fois. Présence qui nous invite à une réponse d’amour par
laquelle il vient nous habiter nous-mêmes. Les gens de Nazareth se
sont fermés à la présence divine. Ils donnent l’image de ce que nous
vivons trop souvent : le jugement porté sur les autres et la fermeture à
la place de l’accueil.
Le refus ou l’accueil de ce qui vient
Il y a plus : si la question de l’identité de Jésus se pose, c’est en raison
du message qu’il apporte. Ce qui est ancien est arrivé à terme, un
monde nouveau est là. Un monde certes annoncé par les prophètes, Isaïe en l’occurrence, mais qui se situait pour eux dans un avenir
indéterminé. Maintenant, l’heure est venue. Les auditeurs de Jésus réalisent qu’ils vont devoir changer, se transformer. Voilà qui est inquiétant : on était bien tranquille jusqu’à présent. Il va falloir fermer les
camps de concentration, donner une existence décente aux faibles que
l’on exploite ? Il va falloir entrer dans le jeu de Dieu, dont l’action, ne
l’oublions pas, passe par nous ? C’est bien nous qui devrons rendre la
vue, d’une façon ou d’une autre, aux aveugles. Pour prendre sur nous
la réalisation de l’œuvre de l’amour divin, il faut passer par ce que l’on
appelle la conversion. Personne ne sait où cela nous conduira. Jésus
nous ouvre un avenir imprévisible. Il en est d’ailleurs de même pour
lui : rien ne dit qu’il avait prévu la Croix dès le départ. Il est évident
que le même refus se reproduit aujourd’hui : on prend prétexte de
quelques archaïsmes pour refuser le message chrétien. L’invitation à la
paix a toujours irrité les amateurs de guerre ; les bénéficiaires de l’oppression ne souhaitent la liberté que pour eux-mêmes en leurs agissements. Ainsi, on le voit, l’Évangile ne se contente pas de nous raconter
des épisodes de la vie du Christ comme s’ils faisaient partie du passé. À
travers ces récits, il nous parle de notre présent. Et de notre avenir.
Que cherchons-nous ?
Jésus aurait pu dire à ses auditeurs bien des choses pour les rassurer,
expliquer que Dieu ne choisit pas ses envoyés parmi les grands de
ce monde, mais parmi les plus petits ; comme par exemple David,
le dernier des fls de Jessé. Il aurait pu leur dire que s’occuper des aveugles, des prisonniers, des autres déshérités nous rend davantage images
de Dieu que de nous emparer de la royauté sous quelque forme que
ce soit. Au lieu de les rassurer, il va les inquiéter davantage. Ils lui ont
reproché de ne pas faire chez eux des signes aussi éclatants qu’à Capharnaüm ? Il va leur rappeler que Dieu, en des temps de détresse, est allé au
secours d’étrangers, de païens sans aucun lien avec le peuple élu (1 Rois
17,7 et 2 Rois 5,1…) Peut-être devons-nous, aujourd’hui, nous rendre
attentifs à la présence et à l’intervention de Dieu hors de l’Église. En
tout cas, voilà qui provoque l’indignation des auditeurs de Jésus. Pour
eux, le culte de Dieu cède la place au culte du peuple. Ce genre d’idolâtrie n’est pas rare et peut prendre des formes diverses : culte de la classe
sociale, de la famille, des relations avantageuses, etc. Où va notre désir ?
Où vont nos espérances ? La plupart du temps, nous n’en savons rien et
les profondeurs de nos aspirations nous demeurent cachées. Quant aux
auditeurs de Jésus, ils le mènent hors de la ville, sa ville, pour le tuer.
Anticipation de la Pâque, bien sûr : Hébreux 13,12 souligne que Jésus a été crucifé « hors du camp ». Mais cet exclu va remplir l’univers.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Chapitre 4, versets 21 à 30
Dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Tous lui rendaient témoignage ; et ils s'étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche.
Ils se demandaient : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : Médecin, guéris-toi toi-même.
Nous avons appris tout ce qui s'est passé à Capharnaüm : fais donc de même
ici dans ton pays ! » Puis il ajouta :
« Amen, je vous le dis : aucun prophète
n'est bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le déclare : Au
temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant
trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie n'a
été envoyé vers aucune d'entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de
la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du prophète Élisée, il y
avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d'eux n'a été purifié,
mais bien Naaman, un Syrien. »
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